Enserrant des millions de rangs de vignes tirés au cordeau depuis des générations, un cirque parfait entouré de collines ensemencées de genets en vadrouille. Des amandiers engloutissant les chemins de caillasses. Des oliviers torturés par les temps, baignés en abondance généreuse. Quelques cyprès agités par les mauvaises haleines d’Eole, mais droits comme des candélabres un jour de Toussaint.
Mon pays audacieux joue la pudeur pour se protéger des regards inconnus qui ne font que passer sans même un au-revoir. Et puis, au début de mon endroit, au milieu de toutes parts, un portail imposant et toujours entre-ouvert, de ferraille rouillée que nul ne s’aviserait de dégripper en ces temps modernes mais qui porte beau encadré de guirlandes de jasmins. En silence, il monte la garde. Une allée incrustée de lavandes pas toutes neuves. Elles persistent à vous corrompre sous ce soleil mordant où l’on pose nos légendes occitanes en laissant apparaître l’humeur du ciel et les feuillaisons des nôtres.
Alors, entre influence du dialogue qui chante, entre extérieur et intérieur, la nature se mêle de tout ce qui la regarde, douce comme du papier à musique. S’en évader m’est devenu impossible !
Quand cesserez-vous de labourer la mer pour revenir à l’essentiel ?
Savall d’Arvo