Au cœur des Corbières dévalent les comtés d’Aragon jusqu'au pied de nos champs de pierres et de vignes, tandis que les arbres rabattus sous le vent gouvernant se courbent vers la poussière.
Des Romains fondateurs aux Wisigoths bouillonnants jusqu’aux Croisés de l’aube des temps, des odyssées entrelacées, des invasions infidèles aux massacres de religions, des allées d'histoires nous racontent la richesse et la paix, la rudesse et les affrontements sanglants de ces lieux que certaines hordes sauvages ont tenté de détartrer à l’hémoglobine. Comme quoi les itinéraires de la parabole et de la réalité se rejoignent pour de sales coups !
De ce généreux pays la dignité paysanne s'élève de nos fières citadelles cathares installées aux cimes de nos roches écorchées imposant leur majesté au royaume des aigles blancs. Et puis l'ampleur magistrale de ces vallées écrasées de buissons épineux, de ces pins parasols courbés comme nos vieilles balafrées de noir, de ces versants rudes semés de caillasses prises au feu éternel, de ces sillons délaissés où fleurissent pour toujours la puissance des hommes et la force de la terre.
Elles sont là mes bastides blanchâtres desséchées au ciel, épuisées de réfracter les rayons d'un soleil invincible, redressées à coup de pierres sèches. Et puis ces attrapes-cœurs tissés par l’ardeur des Hommes, nos fascinantes abbayes cisterciennes qui, sous une pluie d’été, se font aussi fraîches qu'un délicieux baiser. Dieu, comme il me faut les aimer ces terres ancestrales pour me maintenir debout et immensément fier sur ce sol aussi ardent qu'un volcan marqué à tout jamais à la gloire vigneronne passée par la fine embrasure de nos lendemains tailladés et enfin apaisés par les hauts faits devenus légendes.
De ces forces, de cette soif d’être démesurée qui couvrent un message de pardon et d’Amour, de ces effrois passagers est née une affaire d’honneur et de puissance, une œuvre royale recouverte de lilas indomptés.
Savall d’Arvo