Plus grand-chose à dire après cet inattendu aléa venu ternir une ondée d’émois transformée en une soudaine agression barbare due à cette rivière exterminatrice baptisée AUDE depuis l’origine de nos temps. Après l’eau de nos tourments. Avant la nuit de nos ennuis. Nos derniers mots à demi-mot. A peine quelques souvenirs bruyants et inondés qui se baladent encore en désordre au fond de ma sacoche des pertes et profits!
Alors je me distrais en silence, le son à fond sur les armes de mon noir désir, pour ne pas éveiller les autres qui dorment encore. Et puis je m’amuse à compter sur le bout des doigts les journées qui me séparent de je ne sais quoi ? Je me redresse, je me renfrogne, j’écris une chose et chiffonne le reste pour me délivrer de je ne sais qui ?
Bercé, presque aigri, à peine consolé, je me balance, et m’attache à des riens et de plus en plus souvent à tout. Je ne parviens pas à trouver les mots justes. Pourtant je voudrais écrire, dire n’importe quoi pour être entendu. Parler de ces lapereaux retournés que j’ai évité à l’entrée du village. Je voudrais les décrire précisément dans leur posture sans vie. Te dire combien j’ai été peiné de voir leur ventre blanc et leurs pattes écartées. Ils ressemblaient à des poupées de chiffon abandonnées par des gosses en sortant de l’école. Seulement, je n’ai pas le courage d’en écrire davantage...
Je suis toujours enfermé dans ma piaule du haut. A tourner dans tous les sens ces mots informatisés. A remanier sans véritable inspiration mon échappatoire. L’envie de profiter de tout et puis de rien. Il m’est impossible d’aller au-delà. On dirait que je m’ennuie un peu, mais, on dirait aussi que je suis complètement à ma place. L’ennui ? Je ne comprends pas mon entêtement à me persévérer dans l’ennui. Tous les jours je le craignais.
Les rapports humains sont souvent désastreux, car la grande majorité de l'espèce humaine ne comprend pas qu'entrer dans le cœur d'une personne, n'est pas une conquête mais une opportunité extraordinaire... Maintenant, je ne crains plus rien puisque nous avons convenu que nous allions cesser de compter, puisque cet ennui est parti pour de bon.
Puisqu’il n’y a plus le moindre filet d’air à piller, puisque ainsi vont les couplets de nos vies et le regain de nos refrains.
Savall d’Arvo