LE QUAI DE MES BRUMES
Comme un vieux cargo, ma vie s’est couchée sur le flanc depuis l’hiver dernier…
Les minutes passent, puis les heures et les journées capitonnées. Mes aiguilles ne tournent plus à la même cadence, elles divaguent et s’évadent de leur cadran ! Je tonne de me laisser partir vers une vie chiffon, de trahir cette vie nouvelle qui ne sera qu’un après sans apprêt, pour le moment je plonge dans l’eau glacée de la platitude.
Mes jours s’égrènent les uns à la suite des autres comme le chapelet d’un incroyant devant un tabernacle vide. Mes nuits s’épuisent si lentement que je voudrais les suspendre à la potence des indifférents. Le temps m’ouvre la porte des pressentiments de plus en plus féroces. Alors je doute, je ne sais plus si j’ai eu tort ou raison ? Après tout je m’en fiche de savoir qui a tort ou qui a raison tellement je voudrais rejoindre le carrefour des sans-papiers pour reprendre l’écriture de mes pages d’avant ! Maintenant il ne me reste que ces mots pour réécrire notre histoire, pour recréer l’image de ce que j’étais pendant mes beaux temps.
C’est par la mémoire que je fais renaître à ma guise mes extravagances en priant les cieux que je puisse te respirer encore avant mon crépuscule. Que ta volonté soit faite au mieux, sans trop tarder, pour ne pas que je rejoigne le quai inondé de mes brumes !
Savall d’Arvo… dehors il fait tristement noir