J’ai compris pourquoi je m’étais levé tôt ? Mon cœur battait à ta porte. Mes poumons n'avaient de cesse d'inspirer et d'expirer toute la nuit, pour qu’au petit jour je puisse me rendre à ton chevet. Tout était là, sans le moindre souffle d’indulgence, dans un recoin de mon illusoire, installé dans sa routine pour satisfaire d’éventuels désirs de commodités.
A mon grand regret, de mon insipide vie aussi longue soit-elle, je ne pourrais être assez clair, tout du moins suffisamment explicite dans ma retranscription, pour dire à mes « liseurs » ce que j’ai ressenti au plus oppressant de cet instant. De mes méfaits et gestes, du filet d’air frais balançant mes pensées empêtrées dans les odeurs de pluie qui mitraillent mes tuiles, tout était là, dégringolant de ma sensitive mémoire. Imaginez un peu que ce tout était là, mais abandonné méticuleusement, la moindre de ses sonorités, toutes ses couleurs, toutes ses effluves. Tout était intact, inerte, dans un immobilisme parfait à m’attendre, à m’entendre m'émouvoir de rancœur.
Il fallait que j’aie d’excellentes raisons pour déposer aussi lentement entre les colonnes le mémorial de mes infortunes !
Savall d’Arvo