Dis-moi pourquoi ruissellent au revers de ma mémoire ces centaines d’épisodes logés dans cette escarcelle que je trimbale depuis… comme si tout s’était amoncelé dans une belle pagaille et revenait sur le tard en ordre de bataille ?
Dis-moi pourquoi je condamne à perpette, puisqu’ils taillent mes passions en deux, toutes ces intervalles incolores entre chacune de tes apparitions ?
Dis-moi pourquoi je fignole ton cœur à la pointe de ma dague, comme pour me rétablir dans mes écarts de langage en décalage ?
Dis-moi pourquoi ce raccommodage d’extravagances que j’ai truqué d’un sourire enchanté pour ne pas avoir à réclamer l’absolution de mes inélégances ?
Dis-moi pourquoi il y a tant de choses à déverser dans ma coupe amère et tant de soupirs à secourir au bord de ma misère !
Dis-moi comment ouvrir et fermer le quotidien pour continuer à vivre et à jouer cela dans un « tout » qui me déforme sans cesse ?
Dis-moi pourquoi j’ai trop souvent le cœur en combat et les battements saccadés de mes plus belles victoires pour en arriver à faire de toi l’hymne de ma gloire ?
Et puis, si tu me disais pourquoi tes palpitations m'enflamment, pourquoi tes souffles courts me calment et me ressuscitent ! Est-ce donc cela se perdre et mourir ? Si tu savais comme j’ai besoin de me redimensionner dans ton espace, de me répartir dans ton vide qui m’étouffe pour comparaître enfin dépouillé de tout dans le reflet de ce miroir qui me fait face ! Est-ce donc cela revenir et renaître ?
Savall d’Arvo