L’ORANGE DU CIEL AVANT LE NOIR
Depuis mes treize dernières années, depuis toi et pas une autre, presque quotidiennement, je mets en scène mes sentiments, mes émotions, mes élans, mes impuissances, enfin toutes ces choses qui enracinent mon être à ton monde animal même si aujourd’hui tu n’es plus là.
Je me souviens de ton pellage blanc qui éclaboussait de soleil mes abimes et de ton regard définitivement perdu. Le mien était celui de donner chair à l’eau frémissante de ce ruisseau où tu allais boire, de donner vie à ce tracteur éventré que nous croisions tous les deux sans cérémonie sur le bord d’une vigne alors qu’il avait tant donné pour nourrir son monde.
Bien sûr, tu aurais pu me faire sentir que j’aurais dû me forcer à naviguer contre ma nature humaine, mais j’ai appris depuis ton plus jeune âge qu’il fallait lui résister de toutes mes forces jusqu’à en perdre le souffle alors qu’avec toi je l’avais gagné pour te suivre en cadence.
Alors, « ma nine belle », sache que mes pensées auront la finesse qui rend les étoiles étincelantes car elles sont pour moi un moyen de convertir cette mélodie achevée que j’avais l’habitude de te murmurer sur ce banc à l’ombre du bosquet.
Je sais, moi cet homme qui n’a jamais voulu être ton maître, que la paix du cœur et de l’esprit s’enracine dans l’affection et la compassion, dans la sensibilité et les émotions »
Tendresse ma belle Toscane.
Savall d’Arvo