A toi qui passe tes journées à compter ce qu’espèrent bâtir les autres… alors que, tout comme à mes frères albatros, je t’oppose la lente passion des nuages qui s’effacent, les heures passées au chevet d’une phrase qui pourrait te séduire et la tendresse de mon regard sur ton visage comme si c’était la première fois que je l’observais.
Sais-tu que l’amour est quelque chose d’incongru qui surgit dans la vie et qui est de l’ordre de l’insu, de l’inconscient. Il n’a donc rien à voir avec la raison, alors pourquoi voudrais tu que je sois raisonnable ? Mais cette irruption bouleverse tellement que celui qui essaye de rétablir de la logique, du sens, fait tout pour être sûr qu’il n’est pas fou... or, il m’arrive de croire que je le suis ?
La formule de Cocteau devrait être complétée : « il n’y a, en réalité, ni amour ni preuves d’amour ; il n’y a que des demandes de preuves d’amour. »
Alors, je vais tenter de le faire : « Quand on aime totalement, on passe son temps à interroger l’autre pour déchiffrer la place que l’on occupe en lui, et c’est cette façon que l’on a de réclamer à l’autre des signes de son amour qui prouve que l’on aime pleinement »
Savall d’Arvo